En hausse depuis plusieurs années, la fréquentation des musées franciliens a baissé d’environ 5 % en 2015 suite aux événements de janvier et novembre. Un climat difficile au sein duquel les expos temporaires font de la résistance : 650 045 visiteurs pour le sulfureux Jeff Koons au Centre Pompidou et 510 412 pour le lumineux Pierre Bonnard au musée d’Orsay. Le phénomène expos n’est pas près de s’enrayer ! Et le printemps 2016 réserve son lot de belles propositions. C’est parti pour la visite !
Les plus en vue
Chefs-d’œuvre de Budapest (Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris 6e, jusqu’au 10 juillet, www.museeduluxembourg.fr).
Le musée des Beaux-Arts de Budapest, fermé pour rénovation jusqu’en 2018, a confié quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre au musée du Luxembourg. Soit quatre-vingt-cinq peintures, dessins et sculptures déployés dans un itinéraire nous menant du Bas Moyen-Âge aux frémissements du XXe siècle. L’occasion d’admirer des Dürer, Cranach, Greco, Tiepolo, Goya, Manet et Gauguin provenant de l’une des plus riches collections d’Europe centrale. Mais également de se plonger dans l’ambiance d’un grand musée étranger sans quitter Paris. Et enfin, de découvrir l’art hongrois dans un dialogue passionnant avec l’art français. Une traversée de l’Europe et de l’histoire de l’art.
Picasso. Sculptures (Musée national Picasso-Paris, 5, rue de Thorigny, Paris 3e, jusqu’au 28 août, www.museepicassoparis.fr).
De Picasso, la postérité met volontiers en avant l’œuvre peint, reléguant l’œuvre sculpté à la sphère privée. Une vision des choses que la présente exposition entend corriger, en envisageant la sculpture picassienne sous un nouvel angle. À savoir sa dimension multiple, permettant à l’éternel enfant qu’il était d’infinis changements de couleurs, matériaux et tailles. Avec plus de deux cent quarante œuvres s’échelonnant des années 1900 à 1960, l’institution fraîchement rouverte orchestre là sa première exposition internationale majeure, ainsi que le plus important rassemblement de sculptures de Picasso depuis seize ans.
Carambolages (Grand Palais, galeries nationales, entrée Clemenceau, Paris 8e, jusqu’au 4 juillet, www.grandpalais.fr).
Qu’est-ce qu’un carambolage ? Au billard, un coup dans lequel une bille en touche deux autres. Sur la route, une série de chocs entre plusieurs véhicules. Au Grand Palais, une expo innovante qui réunit plus de cent quatre-vingts œuvres, toutes époques et zones géographiques confondues, dans un parcours faisant appel à la pensée visuelle. Regroupés selon leurs affinités formelles ou mentales, ex-voto antiques, installations contemporaines et peintures classiques se répondent par-delà les cultures et les époques pour interpeller le visiteur. Un visiteur qui s’amuse et ouvre l’œil. Coup double pour Jean-Hubert Martin, le commissaire spécialiste du décloisonnement auquel on doit, entre autres, la mythique expo Magiciens de la terre.
Les plus inattendues
Albert Marquet. Peintre du temps suspendu (Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 11, avenue du Président Wilson, Paris 16e, jusqu’au 21 août, www.mam.paris.fr).
Fidèle ami de Matisse, Albert Marquet (1875-1947) connut un certain succès de son vivant avant d’être quelque peu mis de côté. Imperméables aux débats et aux courants artistiques de leur époque, ses paysages sans effets, sans efforts, ont pu sembler lisses et datés. “Regardez-y de plus près !”, nous souffle le musée d’Art moderne de la ville de Paris qui, du port du Havre à celui d’Alger, des quais de Seine aux rives de l’Atlantique, fait ressortir la modernité du discret Albert Marquet. Une modernité faite de lignes de force dissimulées, de mouvements saisis à la volée, de cadrages subtils et d’atmosphères criantes de vérité.
Fernell Franco. Cali Clair-obscur (Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris 14e, jusqu’au 5 juin, www.fondation.cartier.com).
Deux ans après le succès d’América Latina, la Fondation Cartier pour l’art contemporain organise la première rétrospective européenne consacrée au Colombien Fernell Franco (1942-2006), figure majeure et pourtant méconnue de la photo latino-américaine. En cent quarante clichés issus de dix séries réalisées entre 1970 et 1996, l’accrochage retrace la carrière de cet autodidacte qui n’aura eu de cesse d’arpenter Cali, sa ville tant aimée, pour en ausculter les communautés marginalisées, les destructions et les transformations. Il révèle une œuvre radicale et poétique, au croisement de la photo, du cinéma, de la peinture… et de la salsa des faubourgs.
Wasteland: New Art from Los Angeles (Mona Bismarck American Center, 34, avenue de New York, Paris 16e, www.monabismarck.org & galerie Thaddaeus Ropac Paris Pantin, 69, avenue du Général Leclerc, Pantin, www.ropac.net, jusqu’au 17 juillet).
D’un côté, le Mona Bismarck American Center, seule institution parisienne dédiée à l’art américain, créé il y a trente ans par la fortunée Mona Bismarck, et installé dans l’élégant hôtel particulier du 16e arrondissement de cette dernière. De l’autre, le vaste et industriel espace pantinois de la galerie d’art contemporain Thaddaeus Ropac, inauguré en 2012. Entre les deux, l’association californienne LAND (pour Los Angeles Nomadic Division) dont l’énergique directrice Shamim M. Momin a sélectionné les œuvres de quatorze artistes contemporains de Los Angeles. En guise de fil conducteur, le célèbre poème « The Waste Land » (« La Terre vaine ») de T.S. Eliot, publié en 1922. C’est la recette réussie de cette expo originale rayonnant du centre de Paris à sa périphérie.
Également à l’affiche
Classiques : Le Douanier Rousseau. L’innocence archaïque au musée d’Orsay (jusqu’au 17 juillet) ; Paul Klee. L’ironie à l’œuvre au Centre Pompidou (jusqu’au 1er août).
Photographiques : Seydou Keïta au Grand Palais (jusqu’au 11 juillet) ; La Boîte de Pandore. Une autre photographie par Jan Dibbets au musée d’Art moderne de la ville de Paris (jusqu’au 17 juillet).
Inclassables : Extra fantômes. Les vrais, les faux, l’incertain à la Gaîté lyrique (jusqu’au 31 juillet) ; Barbie aux Arts Décoratifs (jusqu’au 18 septembre).