Avec plus de 13 millions de volumes imprimés, la Bibliothèque nationale de France (BnF) se situe parmi les plus riches du monde (29 millions pour “Library of Congress” à Washington et 25 millions pour la “British Library” à Londres). Son établissement au bord de la Seine est le dernier avatar architectural d’une institution dont les origines formelles, en France, remontent au XVIIe siècle. Si la Révolution française, par la confiscation des biens ecclésiastiques, a véritablement créé les conditions d’un enrichissement massif, c’est la monarchie qui a institué le “dépôt légal”, dont les principes furent posés dès 1537, sous François Ier, mais dont le fonctionnement date du règne de Louis XIV. En imposant à tous les imprimeurs situés sur le territoire national, le dépôt obligatoire de leur production, la Bibliothèque du roi est parvenue à se constituer en centre d’archivage de l’édition française. L’idée même de bibliothèque est toutefois bien plus ancienne.
A Ninive, dans les ruines du palais des Rois d’Assyrie, ont été retrouvées 22 000 tablettes d’argile datant du VIIè s. av. J-C (cet ensemble est communément appelé la Bibliothèque d’Assurbanipal, une grande partie de ces éléments étant constituée de la collection personnelle de ce roi). En un temps où le savoir n’était pas aussi accessible et partagé, le concept même de bibliothèque était intimement lié au pouvoir politique. C’est ainsi que la bibliothèque d’Alexandrie fut constituée par les rois hellénistiques pour légitimer leur pouvoir aux yeux de la population égyptienne autochtone. Dans la même veine, l’origine du dépôt légal est d’interdire de “vendre ou envoyer en pays étranger, aucuns livres ou cahiers en quelques langues qu’ils soient, sans en avoir remis un exemplaire ès mains des gardes de la Bibliothèque Royale”. Il s’agit dès lors de considérer le savoir comme un patrimoine.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, la Bibliothèque Nationale de France a pour mission de préserver et de diffuser le savoir en constituant des collections, en les conservant et en les communiquant au public. En outre elle produitdes catalogues de référence, elle coopère avec d’autres organismes nationaux et internationaux et participe à des travaux de recherche.