L’architecte et urbaniste Charles-Édouard Jeanneret (1887-1965), dit “Le Corbusier”, fait assurément partie des figures intellectuelles et artistiques les plus controversées du premier vingtième siècle. Pour la majeure partie des architectes contemporains, Le Corbusier reste le père fondateur de la modernité architecturale et l’apôtre visionnaire de la ville idéale. A l’inverse, pour nombre d’aménageurs et de praticiens de la ville, sa pensée et ses écrits, souvent volontairement provocateurs, sont considérés comme la source de la transformation des banlieues dortoirs en ghettos urbains, stigmatisés aujourd’hui par le vocable paradoxalement négatif de “cités”.
Architecture
La France se distingue de ses voisins européens, et notamment de l’Allemagne, par le rejet systématique de toute reconstruction à l’identique de bâtiments anciens. Les conséquences de la Seconde guerre mondiale sur le patrimoine urbain ne furent certes pas les mêmes de part et d’autre du Rhin. Les cas des villes détruites du Havre, Brest ou Amiens, réédifiées sans prise en compte du passé architectural, permettent, quoi qu’il en soit, de mettre en valeur un étrange paradoxe français : la précocité de la protection patrimoniale des monuments a toujours coexisté avec des projet urbanistiques “iconoclastes”. La concomitance entre la destruction des Halles de Paris (cf. photo ci-contre en 1950) et la mise en place, consécutive aux “lois Malraux” de 1962 et 1968, de mesures favorisant la conservation du patrimoine architectural et historique est tout à fait symptomatique de ce point de vue.