Compris entre la Seine et le faisceau ferroviaire de la gare d’Austerlitz, le nouveau quartier de la Rive Gauche dans le XIIIème arrondissement transforme ambitieusement un ancien site industriel en un exemple remarquable de développement urbain à Paris. Cette zone d’aménagement concerté (ZAC) qui s’étend sur plus de 130 hectares, représente la plus grande opération de réaménagement depuis les Grands Travaux entrepris par le Baron Haussmann à la fin du XIXème siècle. Cette opération prône une mixité urbaine traduite par l’implantation de bâtiments aux fonctions diversifiées dans un même périmètre, tout en valorisant et habilitant l’architecture industrielle existante.
À la fois lieu de vie, avec ses commerces, ses pistes cyclables, ses promenades piétons, ses universités, et centre économique avec ses nombreux immeubles de bureaux, ce projet initié avec l’édification de la BNF en 1994 s’étend aujourd’hui jusqu’à Ivry sur le futur territoire du Grand Paris.
En quelques chiffres, le programme compte 585 000 m2 de logement répartis en 7 500 unités, 745 000 m2 de bureaux soit environ 60 000 salariés, 665 000 m2 d’équipements publics et 98 000 m2 d’espaces verts, le tout posé entre la pleine-terre et une dalle de béton de 2,5 km de long surplombant les voies de chemin de fer de la gare d’Austerlitz. C’est le chantier de couverture d’infrastructure de transport en milieu urbain le plus important d’Europe.
C’est aussi un exemple édifiant et passionnant du “faire-la-ville” sur 20 ans : des partis-pris affirmés de sept architectes coordonnateurs différents, des architectures éclectiques et des principes d’aménagement qui ont fait date. Ce territoire résume le travail d’architectes de renommée internationale tels que Dominique Perrault, Kengo Kuma, Jean Nouvel, Norman Foster, Christian de Portzamparc, Rudy Ricciotti entre autres, et reflète le dynamisme et les opportunités qu’offre de la Métropole en devenir.
Paris Rive Gauche promet de grandes et belles créations architecturales ! Pour commencer, la monumentale Bibliothèque Nationale de France de Dominique Perrault, construite dans le cadre des Grands Travaux de François Mitterrand en 1994 c’est le point de départ du réaménagement du quartier et le LA de toute la zone Tolbiac (Elle est surnommée ainsi car elle est construite à la place de l’ancienne gare de marchandises de Tolbiac).
Puis cet immeuble de logements en béton teinté chocolat dans la masse et rehaussé d’or de l’agence Beckman N’Thépé, dans le quartier Massena, qui aurait pu être indigeste est pourtant ludique et avenant. Sa grande taille est astucieusement absorbée par le jeu d’empilement des volumes : les murs ayant été coulés par hauteur de deux étages et les fenêtres étant irrégulièrement disposées, il n’y a aucun effet de répétition. Ses espaces libres évoquent l’artiste Raynaud et ses gigantesques pots de fleurs.
Il y a également la Halle Freyssinet qui sera le plus grand incubateur de start-ups au monde en 2016. Vaste halle de béton longue de 310 mètres, la taille nécessaire pour y faire rentrer des trains de marchandise, elle est liée à Eugène Freyssinet, ingénieur des Ponts et Chaussées et précurseur de multiples techniques liées au béton. C’est à l’agence Jean-Michel Wilmotte que Xavier Niel a confié la réhabilitation de ce lieu, qui se fondra dans le fonctionnement urbain du quartier comme une nouvelle agora.
N’oublions pas enfin l’impressionnante centrale à béton Calcia de l’agence Balus + Vialet qui préfigure la construction de la Tour Duo de Jean Nouvel et l’avenue de France de l’architecte Paul Andreu qui, semblable à la piste de décollage d’un aéroport, montre la voie vers le futur (2028) réaménagement du secteur Ivry-Confluences.
Ça et là, des vestiges du passé industriel du quartier ont, quant à eux, retrouvé une seconde vie. “Les frigos”, ancienne gare Frigorifique de Paris-Ivry construite en 1921 est aujourd’hui un lieu de création unique et insolite abritant plus de 200 artistes et artisans. Les Grands Moulins, aujourd’hui bâtiment administratif du pôle universitaire Diderot, accueillait les convois de denrées alimentaires et conférait au quartier une vocation nourricière jusqu’en 1996. Enfin, “la SUDAC”, ancienne usine de production d’air comprimé, permettait l’activation des mécanismes d’horloges et ascenseurs de Paris. Elle offre à présent un cadre de travail propice à la créativité des étudiants de l’école d’architecture Paris val de Seine.
En quelques mots, Paris Rive Gauche surnommée aussi la “Nouvelle rive gauche”, c’est la mixité, la modernité, l’audace, et la porte sur les opportunités qu’offrent le Grand Paris.
Christine Hoarau-Beauval.